Chaloupe

Lettre aux collectivités locales (présidente ou président de la communauté de communes, d’agglomération ou de métropole) à propos des dépassements du S-métolachlore

 

Madame la présidente, Monsieur le président,

 

Les pesticides après épandage sur les champs se dégradent en métabolites, substances de plus en plus présentes dans les eaux, des nappes phréatiques ou des rivières jusqu’à l’eau du robinet, atteignant voire dépassant largement les seuils réglementaires fixés par l’Europe, soit 0,1 µg/litre pour un pesticide. On retrouve plusieurs métabolites dans ces dépassements de seuils, dont l’ESA métolachlore né de la dégradation d’une molécule, le S-métolachlore, herbicide autorisé et massivement employé dans la culture du maïs.

Nous avons bien entendu appris que l’ANSES vient de relever le seuil de dangerosité en déclassant l’ESA métolachlore, qui était substance « pertinente », en « non pertinente ». Par cette opération, la limite de qualité s’élève à 0,9 µg/l et ainsi, au lieu de 690 communes en dépassement sur la Bretagne, on passe à seulement 17.

Nous regrettons cette modification majeure qui ne tient pas compte de l’effet cocktail et intervient alors que l’agence européenne des produits chimiques devrait cette année étudier le risque de perturbateur endocrinien pour l’ESA métolachlore.

Face à ces contaminations, les collectivités doivent déposer auprès de l’Agence régionale de santé et de la préfecture une demande de dérogation pour pouvoir distribuer une eau non conforme pendant trois années, à condition de s’engager dans un programme de mesures correctives.
Compte tenu de son implication depuis des années sur les questions de qualité de l’eau potable, la CLCV du Finistère souhaite avoir communication des mesures correctives sur lesquelles vous vous êtes engagés (renforcement de la filtration au charbon actif, dilution, réduction drastique des surfaces de maïs ou modification des cultures, etc.) et du coût supplémentaire occasionné pour l’usager.


Restant à votre disposition, veuillez agréer, Madame la présidente, Monsieur le président, ...

Communiqué régional sur l'eau

 

Suite aux propositions très intéressantes de l’Assemblée bretonne de l’eau, la CLCV Bretagne tient à donner un point de vue complémentaire sur plusieurs points concernant l’eau, qui deviendra avec le réchauffement climatique de plus en plus rare et précieuse.


1- Concernant la sobriété, les arrêtés préfectoraux et locaux sur les restrictions d’eau devront à l’avenir être pris bien plus tôt, c’est-à-dire dès le printemps prochain, voire à la fin de l’hiver si celui-ci n’a pas été pluvieux. Ces arrêtés devront inclure toutes les interdictions nécessaires concernant les piscines privées, les stations de lavage, le golf, etc. Par ailleurs, des préconisations concernant la consommation individuelle devront être diffusées largement pour que les ménages aient des références, sachant que la consommation moyenne d’un français est aujourd’hui de 55 m³/an et qu’une consommation économe est aux environs de 20 m3/an par personne ! Par ailleurs, il est évident qu’il faudra réduire les cultures fortement consommatrices d’eau au profit d’autres cultures plus économes et du maraîchage.


2- Concernant la tarification de l’eau, celle-ci doit être sociale et progressive afin de sensibiliser tous les usagers et dissuader les fortes consommations. Elle pourrait comporter, comme dans les expérimentations portées par plusieurs communes en France, une tranche sociale avec prix réduit pour les premiers m3 (usage vital), une tranche moyenne (usage de confort), puis une tranche supérieure (usage de luxe). Bien entendu, cette tarification doit tenir compte du nombre de personnes dans le foyer.


3- Concernant la ressource, les collectivités locales et syndicats des eaux doivent tout mettre en œuvre pour sécuriser les réseaux, limiter les pertes et accroître la ressource en eau tout en préservant la biodiversité : utilisation de carrières, de petits captages souterrains abandonnés, etc.


4- Enfin, la qualité de l’eau doit être au rendez-vous. Les mesures curatives pour éliminer les métabolites issus de la dégradation des pesticides par ajout de charbon actifs (cf. Concarneau, Brest, Douarnenez...), ont un coût pour l’usager dont on ne parle jamais. C’est pourquoi, il est nécessaire de mettre en œuvre prioritairement des solutions préventives qui passent notamment par la réduction des surfaces en maïs porteuses de pesticides et non pas, comme vient de le faire l’ANSES par un tour de passe-passe, en portant le « seuil de vigilance » à 0,9 microgramme/litre alors que la norme européenne maximale pour les pesticides est de 0,1 microgramme/litre. Ce n’est pas par cette mesure que l’on restaurera la qualité de l’eau et la confiance des consommateurs dans l’eau du robinet.

CLCV : l’urgence d’économiser l’eau !

 

La sécheresse historique que nous connaissons et qui, selon les météorologues et le GIEC, s’accentuera à l’avenir, oblige tous les usagers de l’eau à réfléchir aux mesures qu’il convient de prendre pour disposer d’un bien commun vital pour les humains, la flore et la faune, un bien qui pourrait venir à manquer à certaines époques de l’année. Il est devenu plus qu’urgent d’agir collectivement mais aussi individuellement pour éviter au maximum tout gaspillage.

En premier lieu, il appartient à chaque consommateur d’adopter des comportements vertueux : éviter tout gaspillage, récupérer l’eau de pluie quand on le peut, la première eau (froide) des douches, l’eau de vaisselle (avec des produits naturels), l’eau de l’hygiène corporelle pour les WC, limiter les débits d’eau (mousseurs, réducteur de pression...) et les consommations (appareils économes : chasse double effet), proscrire les utilisations excessives de l’eau (piscines, lavage de voiture...). A chacun de faire preuve d’imagination pour éviter qu’en moyenne on consomme comme aujourd’hui 148 litres d’eau par jour et par personne dont 7 % seulement pour la cuisine et la boisson !

De plus, les activités grosses consommatrices d’eau doivent s’interroger sur les changements de pratiques qu’impose cette sécheresse (cultures plus économes en eau, utilisation des eaux usées traitées, etc.).

Enfin, les collectivités locales et les organismes distributeurs d’eau n’échapperont pas à des mesures fortes qu’il convient de mettre en œuvre progressivement et avec pédagogie, mesures que la CLCV défendra dans les Commissions consultatives des services publics locaux où elle est présente : traquer les fuites dans le réseau, prendre des décisions de restriction, expérimenter pour les usagers domestiques (comme à Dunkerque ou Libourne) une tarification progressive de l’eau pour dissuader les fortes consommations, etc.

Pollution du Tromorgan à Morlaix : la CLCV porte plainte

 

Une pollution à l’ammoniac sur l’un des affluents du Jarlot, le Tromorgan à la hauteur du lieu-dit Troyellou, à Plougonven, a été détectée entre vendredi soir 29 juillet et samedi 30 juillet 2022. En conséquence, le pompage du Jarlot a été suspendu. Même si cette pollution n’a pas affecté la qualité de l’eau potable parce que Morlaix Communauté a fermé le pompage dès que les analyses ont révélé que l’ammoniac avait dépassé le seuil autorisé, il reste qu’une mortalité de poissons a été constatée sur au moins 5 km de cours d’eau et que cette pollution intervient dans un contexte dramatique de pénurie d’eau sur le Finistère, qui impose aux consommateurs des mesures de restriction d’usage.

Ces pollutions récurrentes sur les cours d’eau du département sont inacceptables, à une époque où tous les scientifiques alertent sur l’érosion de la biodiversité et la sécheresse qui devient chronique compte tenu du dérèglement climatique, ce qui doit inciter tous les utilisateurs à considérer l’eau comme un bien rare et précieux.

C’est pourquoi la CLCV, association agréée pour la défense des consommateurs, va porter plainte contre X au nom des consommateurs en application des articles L 216-6 et L 432-2 du code de l'environnement, comme elle le fait pour chaque pollution.